lundi 7 février 2011

Locavores introduction


Roland Barthe disait en son temps que les mots pouvaient enfermer d’une façon encore bien plus cruelle que la prison. De fait, aujourd’hui, les mots font bien souvent peur. On craint qu’ils cachent contrainte et privation de liberté. Du coup, tout devient suspect. Nous voulons nous renfermer sur nous-mêmes, nous isoler des autres. Par effet boomerang, chaque fois que l’on parle de recentrage, de racines à retrouver, de sources locales à privilégier, on nous accuse de tous les noms… et pourtant, il peut s’agir du bon sens retrouvé !

Jadis, l’homme cherchait à se nourrir au plus près. Il chassait et cueillait, pour ce qui fut sa première source d’alimentation, à deux pas de sa grotte. Les fruits et légumes étaient bien de saison, sa viande était de proximité et fraîche, du moins le premier jour. Certes, l’histoire de l’humanité allait donner la possibilité de voir un peu plus loin et les moyens de transports permirent de manger des produits venant d’ailleurs, ce qui, reconnaissons-le, permettait des découvertes culinaires de premier ordre.

L’homme a ainsi varié son alimentation et bénéficié des apports de toute la planète. On parle de mondialisation, mot à la mode quand il n’a pas un goût d’injure ou de grossièreté, et la gastronomie est bien devenue mondiale. Que serait notre chère gastronomie française, inscrite récemment au patrimoine de l’humanité, si nous n’avions pas les épices du monde, les influences du Maghreb, les aigres-doux chinois, les saveurs créoles… ? Oui, nous nous sommes enrichis au gré du temps de tout ce que l’homme avait construit de son côté, sur ses terres, avec les siens.

Mais, aujourd’hui, les choses ont un peu changé. Pour faire des «économies» on trouve dans notre assiette des pommes – ce n’est qu’un exemple – qui ont pris le bateau ou l’avion, qui ont réalisé le tour du monde ou presque, alors que dans le verger voisin quelques pommes ont pourri au pied de leur arbre dans l’indifférence totale ! Pire, à travers le monde, des familles vivent dans le désarroi ne trouvant pas assez à  manger alors qu’elles travaillent, y compris les enfants dans certains cas, dans une coopérative qui vient d’exporter des tonnes de fruits vers notre pays ! Enfin, au moment où l’avenir de la planète préoccupe et que nous sommes capables de faire le lien entre les émissions de carbone et les modifications climatologiques, il serait bon de s’interroger sur certains transports alimentaires que l’on pourrait qualifier de superflus ou luxueux…

C’est dans ce cadre-là, qu’un nouveau mot est arrivé : le locavore ! Bête rare ou dangereuse, secte ou parti politique, idéaliste ou doux rêveur, toutes les interrogations sont légitimes ! Nous allons tenter, ensemble, d’y voir plus clair et comprendre comment le bon sens peut retrouver une place dans notre société de consommation…

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